Les troubles psychosomatiques


Nous pensons  « psychosomatique » dès que nous suspectons une origine psychologique à un symptôme ou à une maladie mais les situations sont très variées.

Impact des facteurs psychologiques sur les maladies
Ainsi, de nombreuses maladies comme l’asthme, l’eczéma et l’hypertension artérielle sont sensibles aux facteurs psychologiques. En effet, leur aggravation en cas de stress prouve l’interaction entre psychisme et état somatique. Nous retrouvons au sein de ces maladies des anomalies et des lésions spécifiques.

Etats pathologiques n'ayant aucune cause organique
Par contre, il existe des états pathologiques, invalidants et chroniques, qui ne correspondent à aucune maladie « lésionnelle » classique. Se pose ainsi la question d’une origine psychologique. 
Nous nommons ces états pathologiques troubles somatiques ou conversions
et nous les évoquons lorsque nous avons le recul nécessaire pour exclure toute cause organiques. Cela ne signifie en aucun cas que les personnes ne souffrent pas.

Il s’avère que l’écoute attentive de ces états pathologique suggère un dysfonctionnement psychologique. Aux delà des difficultés diagnostiques pour les cliniciens, ces troublent posent avant tout problèmes aux patients. En effet, ces dernières ont tendance à exclure tout origine psychologique et cherche, en vain, une maladie là où elle n’est pas. Le médecin traitant peut participer à  ce « déni de l’origine psychologique. » Ainsi, le patient a tendance à multiplier les examens somatiques ; ce qui va accroitre son inquiétude et sa méfiance envers le monde soignant.

Mais comment expliquer cette puissance influence de l’esprit sur le corps ?
  • Plusieurs théories psychodynamiques suggèrent que la somatisation est liée à une prédisposition acquise dans l’enfance. Notamment, Freud et Breuer, à partir des psychanalyses des cas d’Anna et de Dora, ont proposé l’idée d’une transformation d’un « émoi psychique » en symptômes somatique.

  • Une deuxième piste psychologique, issue des réflexions psychanalytiques, est la formation dans l’enfance s’une personnalité psychosomatiques.

  • Enfin, d’autre mettent en avant le rôle néfaste d’un attachement non sécurisant. Le mode d’attachement désigne la façon dont le petit enfant à appris à gérer le premier stress qu’il a rencontré : l’éloignement de la mère ou de son substitut. En cas de réponses non sécurisantes, l’enfant a tendance à amplifier ses appels et ses plaintes en vue de retrouver le calme et la sécurité. Il mémorise l’efficacité de ses comportements déviants et formate ainsi les modalités de sa réaction ultérieure face à un stress, qui se fera ainsi pas l’intermédiaire de symptômes appris antérieurement.

L’apport des neurosciences 
Plus récemment, la neuroimagerie essaie d’éclairer ces mécanismes psychosomatiques. Les travaux soutiennent l’hypothèse selon laquelle ces patients, ont créé, du fait de leur histoire personnelle, une organisation du fonctionnement cérébral inhabituelle, que l’on peut qualifié de « déviante ».

Ces organisations déviantes ont un impact très variable d’un sujet à l’autre. Nous n’avons pas la même sensibilité au stress ni la même capacité à réagir. Ces différences interindividuelles sont la résultante de l’interaction entre notre état encéphalique constitutionnelle et notre histoire personnelle.
Les événements de l’enfance ne sont sans doute pas la seule interprétation, et nous pouvons présumer qu’une organisation déviante puisse se réaliser à un âge plus avancé en réaction à des événements traumatisants.

Mise en place d'une spirale
L’évolution de l’état psychosomatique dépend de l’interdépendance entre le stress et les symptômes somatiques. Les symptômes accroissent l’anxiété. L’anxiété  génère les symptômes. Une spirale infernale est ainsi amorcée.

Comment sortir de cette spirale ?
Tout d’abord, le patient doit être persuadé qu’il n’a pas de maladie somatique causale : ses symptômes étant l’expression d’un stress actuel ou passé, la solution est en lui-même. 
Il faut néanmoins soulager les symptômes gênants.
Et, il faut amener le patient à une meilleure hygiène psychologiques de la vie avec des activités relaxantes et des investissements de toute nature permettant un « lâcher-prise », une saine gestion du stress et des restauration des figures d’attachement.
                                                                                    
 Source : 
Autret A., (2019). D’où viennent les troubles psychosomatiques ? Sciences Humaines, 317, 42-44