Les émotions

Comment expliquer que les émotions peuvent être sources de plaisir et de créativité ou, à l’opposer, amener à des comportements autodestructeurs ?

Revenons aux processus mentaux qui engendrent ces phénomènes.

La capacité réflexive de l’être humain
Tout le processus de la vie est engagé dans le maintien de l’équilibre entre l’individu et son environnement. L’individu doit se nourrir de l’environnement tout en préservant ses frontières et sa différence c’est à dire l’intégrité de son territoire.
Or, le territoire humain ne se limite pas à la distance physique. Le territoire humaine acquiert une dimension spécifique qui est celle de la représentation que le sujet se fait de lui-même et celle qu’il pense que les autres ont de lui. Cette dimension est rendu possible par sa capacité réflexive.
Lorsque nous parlons de territoire nous ne parlons pas uniquement de nos corps mais aussi nos pensées, nos choix affectifs, nos idéaux, etc.… Ce qui explique pourquoi nous vivons, habituellement, assez mal la critique car cette dernière touche à notre territoire. Nous la ressentons comme une effraction et une menace. A l’inverse, toute adhésion des autres étend le champ de nos limites.

Un environnement familial sécurisant dans l’enfance fonctionne comme une sorte de lestage du territoire de l’individu. Mais tout n’est pas joué d’avance. En effet, un « traumatisme psychique » peut toujours survenir quand un adulte défaille et qu’une déception trop forte vient casser la confiance de l’enfant. A l’inverse, des « rencontres » fortes peuvent recréer les conditions de la confiance.

La défense du territoire
Les émotions qui, à l’origine sont là pour perpétuer la vie et protéger l’individu des menaces de l’extérieur peuvent se transformer en un ennemi de l’intérieur.
La défense du territoire devient alors une véritable tâche émotionnelle vitale. Il s’agit d’un réflexe qui se met probablement en place dès la naissance de l’enfant. On ne choisi ni la nature ni l’intensité des émotions soulevée par cette menace sur notre territoire. Elle s’impose à nous. C’est la part la plus animal de notre cerveau qui parle au moyen des neuromédiateurs.
Si le plaisir et le succès ne sont pas au rendez-vous une réponse reste à « portée de main » : la destructivité. L’auto sabotage en est la forme la plus accessible, puisqu’elle concerne le sujet lui-même, contrairement à l’agressivité tournée vers autrui.

Prévention contre les débordements
La meilleurs prévention contre ces débordements demeure la qualité du lien de confiance aux figures d’attachement, ainsi que celle de l’éducation reçue. C’est sur cette qualité que se fonde la confiance en soi et en la vie.

Source : Jeammet  P., (2019). Les émotions, amies ou ennemies ? Sciences Humaines, 320, 56-57