Le harcèlement à l'école - ses manifestations

Entretien avec Nicole Catheline.
Propos recueillis par Héloïse Junier
Source : Entretien avec Nicole Catheline  

Les manifestations de harcèlement évoluent-elles au gré du développement des enfants ?
Oui. Le corps, qui prédomine chez les plus jeunes, laisse progressivement la place au langage.
Chez les 6-8 ans, on observe majoritairement des coups, des tirages de cheveux, des règlements de compte physiques immédiats.
Vers 9-10 ans, les règlements de compte s'affinent et s'organisent : on relève des vols de trousses, de vêtements, ou encore des brimades verbales, des rumeurs. 
Puis, avec la maîtrise progressive de l'informatique, des cyber-harcèlements apparaissent. 
D'une manière générale, les garçons privilégient les coups, tandis que les filles favorisent les rumeurs.

À partir de quel âge peut-on parler de harcèlement ?
Vers 6-7 ans, lors de l'entrée en primaire, dès lors que l'enfant entre dans le monde des pairs et s'éloigne progressivement de ses parents. Il devient alors en mesure de percevoir l'autre enfant comme un être différent de lui.

Vers quel âge observe-t-on davantage de harcèlements ?
Le collège reste ainsi la période la plus critique : les élèves, encore assez immatures, y expérimentent une nouvelle liberté.

En quoi le harcèlement dyadique (un harceleur, un harcelé) diffère-t-il du harcèlement collectif ?
Bien souvent, le groupe est mené par un pervers narcissique. Le harcèlement de groupe est alors plus malsain et évoque le phénomène de la bande : la victime est isolée et « consommée » par la « meute » entière.

Quel rôle jouent les pairs spectateurs dans les situations de harcèlement ?
Les enfants spectateurs jouent un rôle clé dans la mesure où ils valident et cultivent le phénomène. Leur opposition permettrait de désamorcer la dynamique
Or, bien souvent, ces enfants  ne s'y opposent pas pour de multiples raisons. 
L'absence d'opposition du groupe va accélérer le processus de victimisation, de même que la perte d'estime de soi de la victime. En même temps, cette absence de réaction des autres enfants va conforter le harceleur dans ses actions.