La confiance

Selon un article intitulé Qu'est-ce que la confiance ? paru en juin 2015 dans le magazine Sciences Humaines n°271 et écrit par Achille Weinberg, la confiance est une notion composite. C'est une notion qui peut renvoyer à des sens très différents.
Cela serait vain d'en chercher une définition unique ainsi qu'une théorie générale.

Une alternative va consister à  dévoiler certains de ces mystère en la décomposant en trois moments clés :

1. Installation de la confiance
La confiance ne se décrète pas : elle se construit. Il en va ainsi dans le domaine du travail mais aussi au sein des couples, etc...

Selon le sociologue Niklas Luhmann, la confiance n'est pas une affaire de foi aveugle : elle se forge en fonction d'une expérience antérieure. 
Mais quand l'expérience fait défaut, ce sont d'autres facteurs qui vont intervenir comme la réputation ou les garanties extérieures.
Et, selon le sociologue Russel Hardin, en l'absence d'expériences, de réputations ou de garanties extérieures,  c'est l'intérêt réciproque qui va intervenir. 

2. Fonctionnement de la confiance
Une fois établie, la confiance crée un nouveau mode de relation fondé sur trois éléments très avantageux : la sérénité, la sécurité et la simplicité.
- la sérénité : sur la plan émotionnel, avoir confiance permet de « s'abandonner » à un tiers et de faire baisser son niveau d'inquiétude.
- la sécurité : sur la plan cognitif, la confiance autorise la baisse du contrôle attentionnel. La confiance que nous accordons à la fiabilité d'une chose, d'une personne ou d'un système permet d'entrer en « pilotage automatique » et donc d'économiser toute une série de vérifications
- la simplicité : pour N. Luhmann, la confiance est un « réducteur de complexité sociale».
La confiance est proportionnelle à la fiabilité d'un système : elle est une construction institutionnelle.
Le fonctionnement d'une relation de confiance repose sur une armature institutionnelle «encastrée» dans un ensemble de règles, de contrôles, de procédures et de normes.

3. La crise de confiance
Tout système a des failles, toute relation a ses ratés ; et la crédulité humaine a ses limites. Au moindre signe de défaillance, l'esprit se met aussitôt en alerte et la confiance vacille.
La crise de confiance dévoile un mécanisme mental fondamental.
En état de confiance, le cerveau fonctionne sur le mode de la routine, que le psychologue Daniel Kahneman, appelle le « système 1 ». Ce système de décision automatisé et rapide repose sur une foi raisonnable dans la stabilité du monde. Il permet de baisser la garde et d'évoluer avec sérénité dans un environnement jugé stable.
Mais dès qu'une alerte est donnée, le système 2, celui du « contrôle attentionnel » prend le relai. Il est plus lent, plus coûteux, plus calculateur. L'esprit devient vigilant et méfiant.

La confiance, n'est rien d'autre qu'une suspension provisoire de l'esprit critique.