L'inconscient

D'après S. Freud, l’inconscient est une « autre scène » où se joue notre existence. 
Il est le lieu du refoulement des pulsions, de nos souvenirs, des désirs qui nous angoissent ou nous font honte. 
L’inconscient nous place face à une vérité dérangeante : des émotions, des fantasmes, des idées que nous ignorons peuvent déterminer notre vie davantage que notre volonté. 

Mais que savons-nous exactement de cette réalité intérieure qui influencerait nos vies ?

L'inconscient, une vieille histoire
L’intuition d’un savoir intérieur caché n’est pas récente. 
Au IVème siècle, les rabbins, auteurs du Talmud, avaient compris que nos songes nous parlent de nos aspirations secrètes et de nos désirs inavouables. 
Du côté des philosophes, Spinoza déplorait que les causes véritables de nos actions nous soient presque toujours cachées. Leibniz, dans ses Nouveaux Essais sur l’entendement humain, émettait l’idée de « petites perceptions inconscientes » influençant notre pensée.  
Ensuite, Schopenhauer dans Le Monde comme volonté et comme représentation, imagine des forces inconscientes qui régiraient à la fois les hommes et l’univers. 
Nietzsche, quant à lui, a l’intuition d’un soi invisible qui est le guide qu’il nous faut écouter, car le conscient est un « état personnel imparfait ». 
C'est ensuite aux médecins de s’en emparer en soignant les malades mentaux par l’hypnose.
En 1889, Freud observe son confrère Hippolyte Bernheim qui traite par cette méthode ses patients névrosés.
Pour désigner cet autre moi qui coexiste avec la personnalité consciente, le psychologue Pierre Janet invente le terme de « subconscient » en 1889 dans son ouvrage L’Automatisme psychologique. Il pensait que cette part inconsciente était un état pathologique.
Seul Freud comprend que nous possédons tous un inconscient.

Une invention freudienne
Freud nous propose une vision révolutionnaire de l’âme humaine.  Il innove en inventant un inconscient qui parle, se déchiffre et guérit, un inconscient peuplé de désirs sexuels, agressifs, mégalomanes, inavouables, de pulsions de vie et de mort, et qui possède des lois internes
Toutes les techniques actuelles d’exploration du psychisme ont une dette envers lui, rappelle le neuropsychiatre Boris Cyrulnik dans son livre De chair et d’âme.


Qu'est ce que l'inconscient ?

Il ne nous veut ni bien ni mal. 

Nous en possédons un parce que notre moi refuse de laisser pénétrer dans la sphère consciente tout élément susceptible de nous heurter, de nous faire peur, etc...  C'est ce que nous refoulons.  Mais les pensées et désirs refoulés dans l’inconscient profitent des failles de la conscience – un moment de fatigue, le sommeil… – pour s’exprimer sous la forme de rêves, de lapsus, d’actes manqués. 

Pour les psychanalystes qui se réclament de Freud, nous ne naissons pas dotés d’un inconscient. Très tôt, les expériences agréables ou déplaisantes laissent des traces mnésiques (de mémoire) dans le cerveau. Mais l’inconscient n’apparaît qu’avec l’acquisition du langage. Et les premiers désirs refoulés sont liés aux élans incestueux oedipiens auxquels nous devons renoncer pour grandir.

A l’inverse, pour Jung, l'inconscient est présent dès notre naissance. Et à côté de l’inconscient individuel se tient, un inconscient collectif qui nous relie à nos ancêtres ou aux héros des grands mythes fondateurs de la civilisation.


Nous sommes responsable de  notre inconscient 

Pour de nombreux penseurs, en particulier Jean-Paul Sartre, l’idée d’un inconscient n’est qu’un prétexte pour démissionner en tant qu’humain responsable. C’est le refuge de la mauvaise foi et de la lâcheté.
Mais, en réalité, Freud nous invite à rendre l’inconscient le plus conscient possible. Pour son héritier, le psychanalyste Jacques Lacannous sommes responsables de lui. Nous avons à en répondre, ce qui signifie que nous devons connaître et affronter nos pensées et nos fantasmes inavouables, même si cela nous coûte moralement. C’est tout l’objet de la cure analytique.

Les avancées des neurosciences
Les avancées des neurosciences confirment les intuitions de Freud sur la réalité de l’inconscient, assure Boris Cyrulnik.
Loin d’enterrer Freud, de nombreux neurobiologistes tels Jean-Pol Tassin, ou neurologues tels Lionel Naccache, auteur du Nouvel Inconscient vérifient ses hypothèses depuis plusieurs décennies. 
Il n’existe pas de siège central de l’inconscient. Mais trois zones cérébrales sont impliquées dans les processus inconscients : les structures limbiques (le royaume des émotions et de la sensibilité affective), les zones associatives du cortex (où se créent les liens entre les idées, les mots et les choses), et les aires sensorielles. 
De plus, le développement de la neuropsychologie permet de mieux comprendre pourquoi nos conflits psychiques se traduisent si fréquemment par des maladies psychosomatiques. En effet, le cerveau traite les mots exactement comme les sensations physiques.

Un inconscient du corps
Les recherches actuelles le montrent : l’inconscient, ce n’est pas seulement « dans la tête », c’est toute une organisation psychocorporelle. 
Depuis la fin des années 1980, les neurobiologistes se penchent sur un deuxième inconscient, « cognitif ».  il s’agit d’une mémoire purement corporelle, sans souvenirs, sans désirs secrets ni pensées honteuses, comme le décrit Boris Cyrulnik.

Ainsi, si nous voulons vraiment comprendre nos émotions, nos vrais désirs, sortir de la spirale infernale de l’échec et nous épanouir, il est urgent d’accepter d’écouter notre inconscient.

Pour en savoir plus : L'inconscient

Psychologue en ligne - Articles interéssants

Comments have been disabled on this post.