La retraite en trois temps

Selon un article paru dans Les grands dossiers des Sciences Humaines n°47 et écrit par Martine Fournier, le passage à la retraite n'est pas un long fleuve tranquille.

A l'heure où la population des plus de 65 ans ne cesse d'augmenter, où l'espérance de vie n'a jamais été aussi longue, la retraite est devenu un nouvel âge de la vie dans lequel il est permis de se projeter. Les retraités sont déterminés à profiter de cette «troisième vie», qu'ils pourront construire à leur guise, libres de leur temps et du choix de leurs activités. Pourtant, le passage à la retraite ne cacherait-il pas quelques embûches ?

Écoutons, Sylviane, ancienne cadre d'une administration décrire un passage à la retraite en 3 temps : 
«Au début, j'en rêvais. J'allais enfin pouvoir faire tout ce que m'interdisait mon emploi du temps pléthorique.» Sylviane avait l'impression d'entamer de «grandes vacances» dans lesquelles les  ferait enfin, et uniquement ce qu'elle aurait choisi. C'est d'ailleurs ce qui se passa dans les premiers mois.
Puis vint la deuxième phase : «Je pris alors conscience que j'étais entrée dans un nouvel âge de ma vie (...). Que je le veuille ou non, j'étais au yeux de la société, entrée dans la vieillesse. (...) Les journées se mirent alors à me paraître triste et vides : pourquoi se lever le matin, quand rien de ce que l'on s'est fixé n'est obligatoire. En définitive, le boulot me manquait. (...) Les responsabilités qui m'avaient semblé si lourdes à certains moments m'avaient donné un sentiment d'exister que je ne retrouvais plus.» 
Aujourd'hui, Sylviane dit entrer dans une troisième phase dans laquelle elle s'est trouvé un nouvel équilibre : « La première chose a été d'accepter de me ménager un peu physiquement (...). Accepter sans rechigner les contrôles médicaux plus fréquents (...). Accepter aussi le vieillissement de ceux que l'on côtoie (...).»

Euphorie, déprime, nouvel équilibre, tout le monde ne passe pas pas les trois étapes décrites par Sylviane.
Finalement, la retraite ne fait que mettre en exergue un vieux débat entre les pro et les antivieillesse. Pour Nietzche et bien d'autres avant lui, le grand âge n'est que nauvrage et déchéance. Cicéron, lui, y voyait la récompense d'une vie bien menée.

Selon l'anthropologue Marc Augé, si la vieillesse est bien une réalité physique, l'âge et le statut ne sont que des constructions sociales qui n'inhibent en rien la personnalité de chacun et la possibilité de continuer à construire ses propres projets. 
C'est pourquoi la plupart des retraités d'aujourd'hui refusent de sombrer dans la mort sociale, en multipliant leurs activités  et en s'engageant, pour beaucoup d'entre eux, dans la vie associative et citoyenne.

Psychologue en ligne - Psychologie

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