La métamorphose adolescente


Un article paru dans Les Grands Dossiers des Sciences Humaines n°39 et écrit par Anne-Claire Thérisols aborde la métamorphose adolescente.

L’'adolescent est celui qui commencerait sa mue, aurait perdu sa carapace et n'aurait pas encore fabriqué sa nouvelle cuirasse, avec pour conséquence de tantôt se replier sur lui-même pour se protéger, tantôt attaquer, toutes pinces dehors. C’est ainsi que Françoise Dolto a utilisé la métaphore du homard pour décrire le passage de l’'adolescence.

Selon Philippe Jeammet, le processus physique mais aussi identitaire qui se met en route, entraîne une opposition au modèle parental, parfois à grand renfort de provocations.

Depuis les années 1970, l’'autorité parentale conjointe a remplacé la puissance paternelle. Elle n’'est plus un droit absolu et illimité puisqu'’elle s’'arrête là où commencent les droits de l’'enfant reconnus depuis 1989. La prise en compte des émotions, la possibilité de les exprimer, le droit à revendiquer ses goûts et sa personnalité ont transformé les relations entre parents et ados. La révolte tapageuse n’'est plus systématique, au point que nombre de parents s’inquiètent de ne pas voir venir la crise tant redoutée !

Si la crise d’'adolescence rime toujours avec transformation, elle n'’est plus corrélée au mal-être. Selon une enquête de l‘'Insee publiée en mars 2015, 10 à 15% des adolescents sont en réelle souffrance. La majorité ne va donc pas si mal et même plutôt bien.
Le plus intéressant réside dans les ressentis contradictoires entre les ados eux-mêmes et la manière dont leurs parents les perçoivent. Les parents seraient plutôt inquiets tandis que les ados seraient plutôt confiants !

Pourquoi les parents sont-ils si inquiets et parfois désemparés quant à l’'éducation de leurs ados ?
Etre parent d’'ado, aujourd’'hui comme hier, c’'est accepter de ne pas tout contrôler tout en restant un rempart aux dérives, en assumant aussi son « devoir d’esprit », tel que le qualifie Philippe Jeammet. Un rôle difficile à tenir à l’'heure où les certitudes quant à l’'avenir s’'effondrent et où en même temps l'’injonction au bonheur n’'a jamais été aussi présente. « Nous vivons une époque où l'’on veut absolument se faire aimer de ses enfants. Or, à l’'adolescence, il faut prendre de la distance, oublier cette envie d'’être aimé de ses enfants. Les générations précédentes n’'avaient pas du tout cette préoccupation. Nous sommes là face à un véritable changement anthropologique. »



Psychologie en ligne - Enfant

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