Pourquoi travaille-t-on - 3ème partie


Travailler pour le plaisir 
« Choisissez un travail que vous aimez et vous n'’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. ». Cette citation de Confucius (extraite du Livre des sentences) est extrêmement moderne. Elle bat en brèche quelques idées reçues sur le travail d’'antan : l’'idée que le choix du métier est une invention moderne et qu'’autrefois on était toujours assigné à une tâche en fonction de sa naissance et l’'idée qui voit le travail antique comme une damnation pour tous ceux qui ne sont pas des oisifs.
Cette citation contient l’'idée d'’une double face du travail : il peut être plaisant ou vécu comme un enfer selon qu'’il correspond ou non à nos aspirations profondes. 

Travailler, ce n’est pas seulement chercher à gagner sa vie, détenir un statut, rencontrer des gens, c’'est aussi effectuer certaines activités pouvant être attrayantes en soi.
Le plaisir que procure une activité en soi relève de ce que les psychologues appellent une motivation intrinsèque (et qui se distingue de la motivation extrinsèque liée aux récompenses indirectes : salaires, statut, reconnaissance, etc.). L’'intérêt intrinsèque que procure tel ou tel emploi se laisse difficilement appréhender dans les catégories générales de la « valeur » du travail. Ce sont des formes d'’attrait difficiles à décrire. 
Il n’'y a pas que les métiers créatifs (architecte ou publicitaire), intellectuels (journaliste ou chercheur), prestigieux (avocat ou chirurgien), nobles (tailleur de pierre) qui suscitent des passions. Une foule d'’activités sont attractives en soi parce qu’'elles comportent des épreuves, des défis, des problèmes à résoudre, des moments d'’attention où l’'on oublie tout le reste. 

Michel Jouanneaux, qui appelle à une anthropologie de l’'activité, souligne qu’'il y a dans nombre de métiers une dimension ludique. C’est aussi un engagement, une mobilisation intellectuelle et affective, qui appelle un cadre conceptuel élargi par rapport aux catégories habituelles de la sociologie du travail.
Cependant, certains métiers sont plus attractifs que d'’autres : on imagine bien que restaurer des tableaux anciens est plus gratifiant qu'’être rivé à un poste téléphonique dans un call center.
De plus, les plaisirs et les peines au travail ont changé de nature en un demi-siècle. En effet, la sociologie du travail du xxème siècle avait dénoncé les aspects mutilants, déshumanisants et abrutissants du travail à la chaîne (taylorisme et fordisme). Aujourd’hui, ce sont la pénibilité psychologique, le stress, le burn-out qui sont dénoncés comme les nouvelles formes de pénibilité du travail. 


Trois raisons de travailler
Ces trois raisons de travailler (pour gagner notre vie, pour exister socialement et pour le plaisir) ont chacune son inverse.  
Nous cherchons aussi à nous détourner du travail parce que nous ne gagnons pas assez, que nous ne sommes pas suffisamment reconnu, que nous n’aimons pas les gens avec qui nous travaillons, que nous nous lassons de certaines tâches, etc. 
L'engagement dans le travail va ainsi susciter une multitude de variations individuelles. 


(Cf. : Pourquoi travaille-t-on ? dans Sciences Humaines n°242, novembre 2012)

Psychologue en ligne - Travail

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