Pourquoi travaille-t-on - 2ème partie


Travailler pour exister socialement 
Quand nous partons au travail le matin, nous ne nous contentons pas d’aller chercher un salaire. Nous endossons un costume social. Nous partons également à la rencontre de gens.
Le travail est aussi un statut social et des rencontres multiples.

Cette perception du statut social commence tôt dans l’enfance.
Déjà nous avons une perception de la noblesse de certains métiers. Chaque profession trouve sa place le long d’une échelle de prestige, le prestige qui ne se mesure pas à une échelle unique. 
Chaque groupe professionnel se forge aussi une image de soi plus ou moins valorisante. 
Alain Touraine avait déjà repéré la « conscience fière » chez les ouvriers d’usine. Ces notions de « fierté », de « dignité » et même de « sens de l’honneur » refont aujourd’hui surface, probablement parce qu’elles touchent à quelque chose de très profond chez les humains. « Sans cette reconnaissance qui fournit les bases de la dignité et de l’estime de soi, nous ne saurions vivre », écrit Alain Caillé. 
Tenir son rang dans la société est donc une motivation centrale pour les animaux sociaux que nous sommes. 

Les aspirations sociales s’expriment également sous une autre forme : sur le lieu de travail se nouent des relations. La sociabilité au travail répond à ce que les psychologues sociaux nomment un « besoin d’appartenance », qui fait que pour certains le travail représente comme une « seconde famille ». 
Ce besoin d’appartenance est cependant à double tranchant. Le lieu de travail est le lieu des sympathies et des antipathies où l’amitié et la haine se côtoient. 

Le travail brise l’isolement. Travailler c’est rencontrer des gens. L’importance fondamentale de cette existence sociale se mesure le plus clairement quand on la perd. Les études de sociologie clinique montrent combien les chômeurs souffrent d’une « perte d’identité », pas simplement de revenus. De même, certains retraités se lancent dans des activités bénévoles alors qu’ils pourraient jouir d’un paisible repos à l’écart du monde ; à la volonté d’être utile et au désir d’aider l’autre s’ajoute un bénéfice personnel : continuer à « être quelqu’un ». C’est ce que procure aussi un travail.

(Cf. : Pourquoi travaille-t-on ? dans Sciences humaines n° 242, novembre 2012)

Psychologue en ligne - Travail

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