Psychologie du développement


Selon un article intitulé Psychologie du développement : quoi de neuf depuis Piaget, paru en 2016 dans Les Grands dossiers des Sciences Humaines n°42 et écrit par Agnès Florin, les avancées ont été nombreuses au cours des dernières décennies en ce qui concerne la psychologie du développement.

Nous avons longtemps considéré les enfants comme des êtres immatures, des adultes inachevés et définis par leur incapacités plus que par leurs compétence. Cela supposerait que l'âge adulte, achèvement du parcours, était un état stable.
Or, ce n'est pas le cas puisque la personne évolue tout au long de la vie. 
La neuropsychologie nous a appris que les expériences cognitives, émotionnelles, sociales contribuent au développement du cerveau, via la plasticité cérébrale. En effet, les réseaux de neurones se développent ou disparaissent, tant dans la petite enfance que dans les étapes ultérieures de la vie.

Nous savons que le foetus possède des capacités perceptives avant que le cerveau soit complètement mature. 
Ces capacités perceptives se développent avant et après la naissance. Il y a d'abord le toucher (3ème mois de vie foetale), puis l'olfaction et la gustation (25e semaine), ensuite l'audition (28e semaine), et enfin la vision.

A partir de l'observation des bébés, nous comprenons mieux aujourd'hui les compétences cognitives, sociales et émotionnelles.
La permanence de l'objet (un objet continue à exister même s'il disparaît derrière un écran) apparaît vers 5 mois, bien plus tôt que ne le pensait Jean Piaget.
Vers 4 ou 5 mois, les bébés manifestent un début de connaissance du nombre et vers 6 ou 8 mois, ils peuvent distinguer les sons de toutes les langues.

Le nourrisson développe ce que le professeur de psychologie Philippe Rochat appelle : « le sens écologique de soi » : le sens du corps comme distinct du monde extérieur, situé par rapport aux autres objets.
Il commence à partager des expériences avec autrui : sourire social, alternance des tours de « parole », attentes sociales dans ses rapports aux autres et quelques fois anxiété envers des inconnus. Ce sont les premières étapes de la « conscience de soi » qui se manifeste véritablement lorsque, vers 18 mois, il reconnaît son image dans un miroir, puis manifeste un certain embarras devant celle-ci, prenant conscience de soi par rapport aux autres (« coconscience ») : il cache alors son visage ou se détourne comme s'il voulait disparaître du regard d'autrui.
Il commence à comprendre que son soi est aussi évalué par d'autres.

Dès la naissance, les bébés recherchent proximité et protection. Ce besoin d'attachement, défini par l'éthologue et psychanalyste John Bowlby, est une relation qui s'établit avec une personne capable de partager vos émotion. Lorsqu'elle est sécurisée, elle facilite l'accès à l'autonomie, la socialisation et l'engagement de l'enfant dans les tâches cognitives et langagières.

La notion de stade de développement tel que l'avait envisage Piaget est aujourd'hui remise en cause. En effet, nombres de compétences cognitives des bébés étaient ignorées au temps de Piaget, et le développement pendant l'enfance et l'adolescence n'est pas linéaires. Le développement avance de façon plutôt « biscornue », selon le terme d'Olivier Houdé, ou comme des « vagues qui se chevauchent », selon Robert Siegler, les vagues désignant les stratégies cognitives ou les façons de penser.

Les enfants ont changé, avec les évolutions de la société, de leurs conditions de vie et des technologies, et le regard que les chercheurs portent sur eux avec de nouvelles méthodologie. La psychologie doit les aider à grandir et à développer leurs compétences pour demain, tout autant qu'à les protéger et mieux assurer leur qualité de vie. Pour cela, elle doit alimenter une formation actualisée des professionnels de l'enfance et de l'éducation.
Psychologie en ligne - Enfant

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